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Comportements agressifs jeune enfant Les comportements dits "agressifs"

Les comportements dits « agressifs »

Pro Petite Enfance

Nous allons aborder un vaste sujet qui vous préoccupe régulièrement : les comportements dits « agressifs ». Assez fréquents chez le jeune enfant, ce sont généralement un simple moyen de rentrer en communication avec l’autre.

Il ne s’agit pas pour eux de faire mal, mais d’agir sur l’autre, de lui envoyer un message, et de voir ce qu’il se passe. Ces entrées en interaction peuvent mettre à mal les enfants, les équipes ainsi que les parents. Nous allons tenter de trouver des pistes pour accompagner au mieux ces comportements.

Les comportements agressifs 

Qu’entendons nous par comportement agressif ? Tout geste intrusif, créant une gêne ou une douleur chez autrui. Chez le jeune enfant cela concerne principalement le fait de taper, de pousser ou de mordre.

Le conflit n’est pas nécessairement négatif, il est la réaction entre deux désirs distincts. L’affirmation de soi peut quelques fois se faire au détriment de l’autre, c’est pourquoi il faut sans cesse accompagner (être vigilant) les interactions pour qu’elles soient vécues le mieux possible.

Colere enfant Les comportements dits "agressifs"

Un comportement agressif peut être :

  • La manifestation d’une excitation positive comme négative. 
  • La réaction à une frustration trop complexe à gérer émotionnellement
  • Une tentative de communication plutôt maladroite avec l’autre
  • Un moyen de défense
  • Un besoin d’explorer passant par la bouche (morsure) ou des douleurs dentaires
  • Un moyen d’obtenir l’attention de l’adulte
  • La manifestation d’une fatigue trop intense
  • L’expression d’un environnement instable ou non sécure
  • En lien avec des comportements maltraitants vus ou subis.

Les connexions neuronales du tout petit ne lui permettent pas de raisonner comme un adulte pourrait le faire. L’enfant est immature, ce sont donc ses émotions qui dominent ; l’incitant, de fait, à agir de manière pulsionnelle. La pulsion agressive fait partie du jeune enfant, c’est une réelle source d’énergie, il faut donc composer avec.

En tant que professionnel, vous allez devoir accompagner cela de manière bienveillante en accueillant les états émotionnels des deux enfants (l’agresseur et l’agressé). La colère pour l’un et la tristesse pour l’autre et/ou inversement.

image block bebe Les comportements dits "agressifs"
L’agressivité chez l’enfant de 0 à 3 ans

Comprendre et accompagner l’agressivité chez l’enfant

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Comment gérer les comportements agressifs et ce que cela engendre ?

  • Dépersonnaliser le geste. Le comportement agressif n’est pas dirigé contre un autre enfant parce que ce dernier ne l’aime pas, mais parce qu’à ce moment-là dans son cerveau, il n’arrive pas à réguler quelque chose. L’instinct pulsionnel prend alors le dessus, et l’enfant trop proche en fait les frais. Accordons nous sur le fait que nous n’allons pas demander à un enfant pourquoi il a mordu, ou pourquoi il a tapé. D’une part, car il est bien incapable de répondre à cette question et d’autre part, car vous risquez de renforcer un sentiment de culpabilité.
  • Accompagner l’enfant agresseur. En lui expliquant l’impact de son geste sur l’autre enfant « Léonard pleure, tu vois, quand on tape ça fait mal. ». Et surtout en essayant d’accompagner la frustration de l’enfant « Je vois que c’est difficile pour toi en ce moment, tu veux rester un peu avec moi ? ».

L’enfant agresseur a souvent un regard surpris rempli d’incompréhension, et cherche un adulte pour venir consoler l’enfant qui pleure. Il peut aussi pleurer en même temps que l’enfant agressé. Il va falloir poser des mots simples et clairs permettant à l’enfant d’intégrer ce qu’il se passe. Il n’y a aucun intérêt à demander à l’enfant de dire pardon, c’est un concept qu’il ne maîtrise pas, et qui n’a pas de sens pour lui. Il a simplement besoin de « décharger » sa colère. Celle-ci peut se transformer en tristesse, et c’est plutôt sain, cela présage une fin de crise. Le jeune enfant doit pour cela se sentir pleinement autorisé à vivre ses émotions.

Le professionnel doit donc être bienveillant tout en gardant un cadre et des limites. Si un enfant est frustré car il n’a pas le droit de faire quelque chose, il vous faudra accompagner sa frustration jusqu’à ce qu’il fasse preuve d’acceptation, même si cela doit passer par une colère pulsionnelle. L’objectif est d’accompagner la frustration en la laissant exister tout en assurant la sécurité des uns et des autres. Vous pouvez parler à l’enfant « Je vois que c’est compliqué pour toi » ou « Je suis là » ou encore « Viens, on va courir dehors ». Vous pouvez aussi simplement rester à côté de lui : il viendra vers vous dès qu’il en aura besoin. Enfin, vous pouvez lui offrir vos bras pour un câlin réconfortant.

Lire aussi : Crise de colère de l’enfant, que faire ?

jeune enfant Les comportements dits "agressifs"
  • Accompagner l’enfant agressé. Il est évident que vous n’allez pas le laisser de côté. C’est même la plupart du temps, le premier que vous allez prendre en charge. Poser des mots sur ce qu’il vient de se passer, sur les pleurs éventuels, sur la douleur, et sur ses émotions.

Il n’est pas question de nier la souffrance que cela implique, mais il n’est pas question d’en rajouter non plus. Proposez-lui vos bras pour le réconforter, un câlin ça fait toujours du bien dans ces moments-là. Vous pouvez lui demander s’il a besoin de son objet transitionnel ou de sa tétine. Montrez que vous êtes là pour lui et que vous vous souciez de son bien-être. Cela facilitera le retour à la sérénité. Des mots apaisants et une voix posée pour accompagner des maux compliqués.

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Comment réduire les comportements agressifs ?

  • Apporter le plus de repères possibles. Vous permettrez à l’enfant de structurer mentalement sa journée : le temps d’accueil, temps chanson, activité puis lecture puis repas…. Le jeune enfant sera sécurisé par ces rituels quotidiens laissant moins de place aux flottements plus complexes à gérer pour lui. Pour l’enfant, chaque détail de sa journée compte. Si par exemple vous avez une chanson avant de manger, et qu’un jour celle-ci n’est pas chantée, certains enfants peuvent se retrouver bloqués et ne pas avoir envie de manger. Le rituel n’étant pas passé, ils ne sont pas en capacité de débuter leur repas. Il est donc essentiel de donner des repères aux enfants et que ceux-ci soient cohérents en équipe.
  • Aménager l’espace de la crèche en facilitant les coins isolés du groupe. Vivant au sein du groupe toute la journée, il est essentiel que les enfants puissent s’en écarter de temps en temps, quand ils en ressentent le besoin. En offrant cette possibilité aux enfants, vous réduisez les potentielles tensions dans le collectif. Aménager un petit coin cocooning avec un matelas, des petits coussins, un ou deux livres, des doudous (de la crèche) … que cela devienne un espace ressourçant pour les jeunes enfants.
  • Limiter le nombre d’enfants présents sur une activité. Vous serez alors plus disponible pour chacun, réduisant ainsi le risque de frustration. En restreignant le nombre d’enfants en même temps au même endroit, vous laissez une véritable place à chacun. Il faut donc, en équipe, être organisé pour permettre ce dégroupage régulier, afin de bien vivre ensemble. Par ce biais, vous allez pouvoir répondre au mieux aux besoins des enfants.
  • Anticiper en observant les situations récurrentes, celles qui mettent en difficulté les enfants, afin de mieux les accompagner. Il en va de même pour le comportement des enfants : un enfant trop excité, ou énervé (voir très agité) doit être accompagné pour soulager son état de « nerf ». Dans ces moments-là, il est adapté de proposer un jeu plutôt calme, en duo avec le professionnel si possible, un temps de massage ou un temps dans l’espace Snoezelen. Ce temps consacré à l’enfant va lui permettre de se recentrer sur lui-même, de se concentrer, réduisant ainsi son état d’excitation.
enfant qui mord Les comportements dits "agressifs"

Lire aussi Comment gérer le doudou et la tétine à la crèche ?

Au-delà des 2 ans, on pourrait penser que cette période de pulsions agressives est terminée. Les règles de vie sont relativement intégrées, ils connaissent leurs pairs et le langage leur permet d’éviter certaines agressions.

Même si cela est plus rare, il se peut que des « grands » aient ce genre de comportement. Souvent liés à la frustration trop forte ou mal assimilée, ou alors à cause d’un changement important dans la vie de l’enfant. Par exemple : un déménagement, l’arrivé d’un bébé dans la famille ou une séparation des parents. Les états d’âmes psychologiques du jeune enfant se ressentent assez souvent dans les pulsions agressives.

Néanmoins, on observe que les 2-3 ans se tournent vers des jeux symboliques, stimulant leur « intelligence intuitive » comme le nomme Jean Piaget, psychologue suisse. Cette phase va véritablement permettre à l’enfant de jouer avec ses pairs par le biais de la mise en pratique de jeux d’imitation. Facilitant ainsi les interactions avec les autres enfants. Les manifestations agressives pourront alors se transformer en jeux combatifs comme les pirates, les chevaliers, la bagarre… Ces derniers ne posent pas de problèmes tant que chacun y trouve son compte. Il se peut qu’un enfant extériorise sur une poupée afin de décharger. Qu’il morde ou tape celle-ci n’est pas dérangeant si cela lui permet d’aller mieux.

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Les autrices sont Éducatrices de Jeunes Enfants.

Kathleen Fauret est référente pédagogique. Audrey Bouté est coordinatrice pédagogique. 

Cet article est un travail à quatre mains, rédaction par Kathleen, relecture et nouveaux apports dAudrey.

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