Comment bien faire un lavage de nez ?
Bronchiolite, otite, bronchite, conjonctivite, rhinite : les maladies inflammatoires du système ORL et pulmonaire chez l’enfant sont nombreuses et fréquentes.
Depuis quelques années, les épidémies hivernales sont sévères et on observe un allongement des périodes épidémiques de bronchiolite.
Dans ce contexte, il est de plus en plus recommandé aux familles de laver le nez de leur enfant, comme premier geste de prévention.
Initialement réalisé à l’aide d’une pipette de sérum physiologique, l’arrivée des seringues sur le marché de la petite enfance a renforcé l’usage de cette pratique.
Cependant, peu fait, mal fait, trop fait, les effets secondaires sont nombreux et ce geste n’est pas anodin !
Voici un petit tour d’horizon des recommandations utiles. Elles ne se substituent pas aux recommandations médicales, suivez les conseils de votre médecin.
Pourquoi faut-il réaliser un lavage de nez ?
Le nez humidie et filtre l’air. La paroi intérieure de celui-ci est tapissée de petits cils (vous les avez tous déjà remarqué, ces poils de nez !) et d’un mucus qui les protège.
Cette couverture muco-ciliaire est la première barrière immunitaire : elle capte les microbes et la poussière qui sont inspirés, et les repousse jusqu’à l’arrière de la narine -où ils sont déglutis puis évacués par la digestion- ou les repousse vers l’extérieur (le nez coule).
Ce mouvement de va et vient de cette barrière ciliaire est continuel et possible grâce à la bonne fluidité de ce mucus.
Lors d’infections type rhinite (le rhume), ce mucus prolifère et la congestion limite l’évacuation habituelle de ces microbes.
Il faut donc veiller à maintenir en bon état l’intégrité de cette barrière composée de mucus et de cils pour limiter les infections ORL courantes, cependant elle est fragile.
Quand dois-je laver le nez de l’enfant ?
Ce qui engendre l’inflammation et la prolifération de l’infection, c’est généralement la stagnation du mucus au niveau du fond des narines.
Au cours de la petite enfance, cette stagnation est plus fréquente pour deux raisons :
- chez les nourrissons, la position allongée empêche l’écoulement naturel dû à la pesanteur (ce que nous ressentons adulte quand nous dormons allongés alors que nous sommes enrhumés) ;
- chez l’enfant plus grand, parce qu’il n’est pas capable de se moucher seul, l’évacuation est limitée.
Le lavage de nez va alors aider à fluidifier ses sécrétions pour qu’elles s’écoulent. Il est à envisager dès lors qu’on observe un encombrement chez le tout petit, et lorsque les sécrétions ne coulent pas naturellement.
On ne cherche pas à ce que le nez de l’enfant soit complètement propre, mais à ce qu’il coule quand les sécrétions sont plus importantes.
Chez un enfant plus grand, si le mucus reste clair et coule seul, le lavage de nez n’est pas toujours indispensable. Dès lors que le mucus devient jaune vert et a du mal à couler, il est le bienvenu pour donner un coup de pouce afin d’aider l’enfant à dégager son nez !
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Comment faire un lavage de nez efficace ?
Attention : efficacité ne rime pas avec nez vidé !
Rappelons-le : le but est de fluidifier les secrétions pour qu’elles s’écoulent, pas de les envoyer vers la sortie avec un effet karcher. On parle d’ailleurs d’irrigation nasale, et non de nettoyage nasal.
Ce soin est réalisé à l’aide d’eau saline (sérum physiologique ou préparation maison).
Le plus important est de garder en tête qu’il ne faut pas « choquer » la paroi nasale :
Vous connaissez tous cette réaction inflammatoire quand l’eau rentre brusquement par le nez ! Même si l’enfant ne ressent pas cette sensation très désagréable car ses sinus ne sont pas encore complétement ouverts, c’est bien la preuve que le corps réagit à l’entrée trop brutale d’eau par les narines. Pour remédier à cette agression, il déclenche une inflammation.
Si ce geste est fait à répétition, l’inflammation ne s’éteint plus et on observe l’effet inverse de celui souhaité : plus on lave le nez de l’enfant, plus celui-ci aura une congestion et un écoulement nasal.
En cas de congestion, le mouvement muco-ciliaire ralentit et les sécrétions stagnent. En cas d’arrivée trop brutale d’eau par les narines, les petits cils sont endommagés, surtout chez les plus petits.
Irriguer en douceur
C’est donc en douceur que se fait l’irrigation, tout particulièrement chez les petits et chez les enfants qui ont fréquemment besoin de ce soin.
1 à 5 ml maximum suffisent, qu’on instille narine après narine, sans forcer la pression.
Si la quantité de liquide est trop importante, ou si la pression pousse les secrétions rapidement vers l’arrière, le liquide peut s’accumuler dans l’oreille moyenne et favoriser les otites.
Pour éviter le choc thermique entre le sérum physiologique et la narine (le corps de l’enfant est à 37 degrés Celsius alors que la solution est généralement à 20 degrés environ), il est conseillé de réchauffer la pipette ou le seringue entre les paumes.
En préventif, chez le nourrisson, vous pouvez toujours déposer une goutte ou 2 de sérum à l’entrée de la narine, celui-ci remontera par capillarité pour favoriser l’écoulement des secrétions nasales.
Effets secondaires si le lavage de nez n’est pas réalisé
En l’absence de lavage de nez, et donc de risque de stagnation, on risque une prolifération de l’inflammation dans le système ORL, qui peut également descendre dans le système pulmonaire : bronchiole, bronchites, otites, conjonctivites.
Le nourrisson respire principalement par le nez, si celui-ci est bouché, il peut présenter davantage de fatigue. (difficulté à prendre ses biberons, problèmes de sommeil ;..)
Par ailleurs, chez un enfant plus grand, avoir le nez bouché constamment l’oblige à respirer par la bouche. Cette ouverture de bouche « forcée » n’est pas idéale.
Effets secondaires si le lavage de nez est mal réalisé
De même, lorsqu’il est fait alors qu’il n’y a pas besoin, ou lorsqu’il est fait avec trop de pression (ou une eau saline trop froide), les effets secondaires sont similaires. Ce qu’on retrouve le plus fréquemment, ce sont les otites à répétition du fait d’une trop grande quantité de liquide dans les narines.
La méthode pour le lavage de nez de l’enfant
- Chez le tout petit, le lavage de nez peut être réalisé en allongeant le bébé sur le ventre (ou sur le côté) en tournant la tête sur le côté. Instiller quelques gouttes dans la narine supérieure, Puis faire de même de l’autre côté. Pensez bien à garder l’enfant en position verticale à la suite de ce soin pour que le nez coule !
- On évitera la position sur le dos qui favorise le passage du liquide dans les voies ORL.
- Chez l’enfant plus grand, ce soin peut être réalisé en position assise, la tête légèrement penchée vers l’avant. Vous trouverez facilement des conseils sur cette technique, tout est ok tant que la douceur est de mise !
Si vous utilisez des seringues
- Pensez à bien laver celles-ci à l’eau et au savon à chaque fois.
- Demandez au pharmacien la durée de conservation d’une bouteille de sérum physiologique, qui n’est plus stérile une fois ouverte.
- Ne trempez jamais la seringue directement dans la bouteille. En effet, vous risquez de mettre le produit au contact de germes, et donc de favoriser le développement bactérien dans la solution. Or, instiller une solution pleine de bactéries n’aura aucun effet bénéfique !
En résumé : le lavage de nez est indispensable pour limiter les infections ORL et pulmonaires chez les enfants. Cependant, trop ou mal fait, ce soin peut générer d’autres infections. Aussi, il est primordial de rester vigilant sur la façon de faire et de respecter les règles d’hygiène relatives à cette pratique.
Cet article a été écrit par Anne Simonneaux, référente santé des crèches partenaires d’AMA Campus (Nous proposons un accompagnement RSAI en crèche (Référent Santé et Accueil Inclusif).
Vous pouvez suivre Anne Simonneaux sur son compte Instagram _petitsam_ / Prévenir aujourd’hui pour être en bonne santé demain !🪴Micronutrition et Naturopathie👩🏻⚕️infirmière puéricultrice 👶référent santé en EAJE.
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