L’enfant qui ne sait pas jouer seul : pourquoi ? Que faire ?
Jouer est indispensable à la construction de l’enfant et à son intégration dans la société. L’importance du jeu dans le développement de l’enfant est indéniable.
Tout en reconnaissant l’importance des interactions sociales et du rôle de l’adulte dans le jeu de l’enfant (même dans le jeu libre), il est important pour son développement que l’enfant sache aussi jouer en autonomie (ou « jouer seul » pour reprendre l’expression courante).
Pourquoi certains enfant ont-ils du mal à jouer en autonomie ? Comment les aider ?
Jouer seul ou jouer en autonomie ?
Jouer seul ne veut pas dire rester seul, ou du moins jamais bien longtemps. Cela veux juste dire jouer en autonomie , lâcher prise et s’abandonner à des explorations, être libre et non dépendant de l’adulte accompagnant. C’est pourquoi l’expression « jouer en autonomie » est plus adéquate.
Les deux expressions « Jouer seul » et « Jouer en autonomie » sont utilisées, et bien que l’expression « Jouer en autonomie » est selon nous plus juste, nous alternerons dans cet article les deux expressions.
Jouer en autonomie, les bienfaits pour l’enfant
Jouer en autonomie favorise la confiance et l’estime de soi, l’initiative ainsi que le libre arbitre de l’enfant puisqu’il fait ses choix par lui-même. Il stimule aussi son imaginaire.
Mais aussi, il est important de le souligner : en jouant en autonomie et en y trouvant du plaisir, l’enfant découvre qu’il n’a pas toujours besoin de compagnie ou d’écrans pour passer un bon moment, cette découverte est précieuse !
Un enfant qui ne sait pas jouer seul chez l’Assmat, exemple
Un jeudi en fin d’après-midi, Pablo, 10 mois a passé la journée chez son assistante maternelle. Il ne s’en est pas écarté à moins de 10 cm ! Il a besoin que son Assmat reste posée sur le tapis avec lui pour jouer à découvrir les textures des balles sensorielles.
Lorsqu’elle a dû s’éloigner pour aller s’occuper de Juliette, petite fille du même âge dans la chambre; Pablo a stoppé son jeu au moyen des balles sensorielles, a manifesté son angoisse de ne plus la voir dans son champ de vision puis a tenté de la suivre à 4 pattes. Il a besoin que son assistante maternelle se replace au sol proche de lui, lorsqu’elle était de nouveau disponible, pour être réconforté, se calmer et s’intéresser aux livres proposés…
Pablo est un enfant qui ne sait pas jouer seul, sans l’adulte à ses côtés, en permanence.
Utiliser le jeu comme un outil participant au développement de l’enfant
Découvrir la formationVouloir la présence de l’adulte : un besoin inné !
Extrait de la formation Activités d’éveil et de sociabilisation contribuant au développement de l’enfant :
L’attitude comportementale de cet enfant face au jeu est malgré tout, assez naturelle…!
En effet, à partir de 7/8 mois et parfois jusqu’à un âge avancé comme 5/6 ans, les jeunes enfants s’approprient le fait de se séparer de leur figure d’attachement, c’est-à-dire de la personne, prioritairement le parent puis secondairement l’assistante maternelle avec qui ils se sentent en sécurité et qui répondent à leurs besoins fondamentaux.
Ils vivent la période, parfois très douloureuse de la séparation psycho-affective. Aussi, pour parvenir à jouer seul, de façon détachée de l’adulte mais en étant toujours sécurisés, ils doivent intégrer une base d’attachement sécure.
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Qu’est-ce qui explique qu’un enfant ne sache pas jouer seul ?
« L’attitude comportementale de cet enfant est explicable. Peut-être Pablo n’a pas eu le temps nécessaire de correctement s’attacher, donc il n’a pas pu sereinement se détacher pour aller élaborer ses jeux seul. Il demeure dépendant de l’adulte pour mettre en œuvre ses jeux. Il est inquiétant pour Pablo de comprendre que son assistante maternelle, «l’abandonne », le laisse seul pour aller auprès d’un autre enfant. «
« De ce fait, il est contre-productif de lui répéter : « Mais va jouer, ne t’inquiète pas, je suis là…! », alors qu’il constate l’inverse ! Puisqu’il n’a pas encore intégré cette notion de séparation, il doit l’éprouver d’abord dans l’attachement. Pablo trouvera très certainement une meilleure réassurance dans cette proximité avec l’adulte, réinvestira un attachement sécure puis se détachera progressivement pour aller créer ses jeux.«
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Comment aider un enfant à savoir jouer seul ?
La vigilance quant à l’amoncellement des jouets
Il est contre-productif pour l’enfant qui ne joue pas seul, de crouler sous les jeux. Il a ainsi l’impression de bénéficier d’une multitude d’accessoires ludiques, qui ne satisfont absolument pas son besoin de réassurance auprès de l’adulte. De même, il est inutile de lui asséner : « Mais va jouer tout seul, tu as plein de jouets…! ». Cela ne correspond pas à ce qu’il attend : il ne parvient justement pas à jouer tout seul, malgré un panel de jouets à sa disposition, il a besoin que l’adulte l’accompagne dans cette exploration ludique et utilise avec lui, au moins dans un premier temps, l’ensemble de ces jouets.
Créer un environnement favorable
L’adulte effectue des choix réfléchis et avisés quant au matériel, aux jouets et aux accessoires ludiques les plus adaptés, il créé un environnement facilitant la découverte : en disposant, agençant le matériel pour que les jeunes enfants ressentent l’envie d’y jouer en pleine autonomie.
Cependant, même dans un environnement propice au jeu en autonomie, le jeune enfant peut rechercher la présence de l’adulte. Il s’agit alors de trouver la juste distance.
Etre présent, dans une juste distance
Il est profitable pour l’enfant qui ne joue pas seul, de ressentir une proximité avec l’adulte référent, qui est là pour le rassurer et répondre à son besoin d’attachement. Cette distance se doit d’être modulée au fur et à mesure des capacités de séparation :
- au début, pour jouer, le bébé voire le jeune enfant nécessite un contact physique avec l’adulte qui le garde auprès de lui, le porte dans ses bras, l’assoit entre ses jambes ou s’allonge à côté de lui ;
- ensuite, le jeu du jeune enfant s’élabore sous le regard de l’adulte assis à ses alentours
- puis le jeune enfant supporte que l’adulte s’éloigne et ne le soutienne plus visuellement pour poursuivre ses expérimentations ludiques.
- Par la suite, l’adulte doit lui-même progressivement vaquer à ses occupations, tout en commentant les expériences de jeu, l’encourageant à poursuivre et valorisant ses initiatives ludiques. De cette façon, le jeune enfant apprend progressivement à jouer seul.
Etre bienveillant et encourageant
Les enfants cherchent l’attention (de leurs parents, de leur assistante maternelle, des grands parents ect…), c’est naturel. Il est possible de combler ce besoin en soulignant certains « bons » comportements, en les encourageant. On peut ainsi les aider à jouer seul sans avoir besoin de la présence continue de l’adulte.
Pour l’enfant la figure d’attachement est comme un « phare » capable de le rassurer par sa présence, de le guider et de le laisser faire seul dans ses explorations.
Il suffit parfois d’un regard bienveillant, d’un mot, de quelques minutes de jeu partagé pour encourager un enfant à jouer seul… ou en autonomie.
Activités d’éveil et de socialisation contribuant au développement de l’enfant Bloc 6 AMGE
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