Accompagner l’enfant qui ne veut pas partager
Très régulièrement, auprès des jeunes enfants que vous accueillez, ou en tant que parents, vous rencontrez cette problématique : l’enfant ne veut pas partager et cela occasionne des chamailleries parfois dramatiques…! Cette situation se présente tout particulièrement chez de jeunes enfants autour de 2 ans.
Après l’article sur l’enfant qui ne sait pas jouer seul, essayons d’en savoir plus sur l’enfant qui ne veut pas partager le jouet qu’il a choisi, et étudions quelques pistes pour l’accompagner.
L’enfant qui ne veut pas partager
Jouer seul avec « son » jouet
En effet, cet enfant qui ne veut pas partager, qui n’y arrive pas considère le jouet comme sa propriété privée, chaque accessoire ludique qu’il manipule : par exemple, pour un ballon, il le garde entre ses mains, même pour jouer avec autre chose, il le place entre ses jambes, lorsqu’il doit impérativement se servir de ses mains et il ne le pose qu’à la condition, de voir continuellement ce ballon ! Ses stratégies sont incroyables tant il désire garder ce jeu en sa possession.
- Parfois, cet accessoire ludique choisi, auquel s’accroche l’enfant correspond à un doudou substitutif. Il apparaît alors impensable de lui demander de partager ce qui s’apparente à son doudou !
- Cet enfant n’éprouve de plus, aucune appétence à jouer avec ses pairs, il est encore bien trop centré sur son propre point de vue, il est encore assez insensible à l’appréciation de ses pairs.
Il vit alors comme une menace que d’autres enfants s’accaparent ou touchent l’accessoire ludique qu’il a investi.
Il ne comprend absolument pas le principe de prêter, ne saisit pas la distinction de l’appartenance et ne comprend pas la notion de partage puisque pour lui, tout ce qui est à sa portée lui appartient, donc tout ce qui est donné, est perdu…
Lorsqu’un autre enfant s’empare du jouet
Par ailleurs, lorsqu’un autre enfant s’approche et s’empare de l’accessoire ludique investi, cet enfant apparaît complètement désœuvré en ressentant une immense émotion négative, qu’il ne peut réguler seul. (Nhésitez pas à lire l’article sur Les comportements dits « agressifs »).
L’expression de frustration peut aller jusqu’à des atteintes physiques où il pousse, mord, crache, tape…l’enfant « voleur ».
Ces réactions impulsives résultent du manque de régulation tonico émotionnelle du jeune enfant et ne sont pas intentionnelles. Même si cet enfant semble être en difficulté dans les interactions avec ses pairs, il n’en est pas pour autant asocial, il doit simplement apprendre les relations interpersonnelles, notamment en ce qui concerne le partage des jouets.
Le partage, une notion qui s’acquiert
Retenons tout de même une donnée importante dans le développement du jeune enfant : la notion de propriété donc le fait de partager, n’est pas innée, mais s’acquiert progressivement en même temps que se développent les aptitudes sociales.
Aussi, il est assez normal qu’un jeune enfant manifeste sa frustration et refuse de partager ses jouets.
Selon le tempérament de chaque jeune enfant, cette expression de frustration est plus ou moins intense : il y a de jeunes enfants qui manifesteront une relative acceptation de partager leur jouet tandis que d’autres signifieront de façon très nette, leur refus et leur mécontentement.
Ces derniers se feront davantage remarquer du fait de leurs cris, parfois très puissants, mais également parce qu’ils « s’attaquent » à leurs pairs, de façon involontaire, mais pour défendre leur bien ! Il faut malgré tout se rappeler que le fait de jouer avec des pairs et de partager des accessoires ludiques avec eux est simplement en cours d’acquisition chez les jeunes enfants.
Comment accompagner un enfant qui ne veut pas partager ?
Pour aider le jeune enfant qui n’arrive pas à jouer avec ses pairs, ni à partager, voici quelques pistes d’accompagnement :
L’échange comme compromis
Il est plus aisé pour l’enfant qui peine à prêter son jouet, de pratiquer un échange.
Il a ainsi l’opportunité de comprendre que s’il perd un accessoire ludique, il en gagne un autre simultanément. Il reçoit quelque chose en retour alors que prêter est à sens unique et il se retrouverait sans rien, comme dépouillé !
Initialement, l’enfant échange voire prête plus facilement son jouet à l’adulte car il a davantage confiance de récupérer quelque chose. Échanger des accessoires ludiques aide l’enfant autocentré à apaiser ses tensions relationnelles.
La multiplicité des accessoires ludiques
Il est également plus facile pour l’enfant qui peine à prêter son jouet, de remarquer la multiplicité du même support ludique. Il a ainsi la possibilité de ne pas devoir batailler pour l’exclusivité.
On sait pertinemment que les conflits relationnels entre les jeunes enfants émergent autour d’un jouet dont on proposerait un unique exemplaire, par exemple un téléphone miniaturisé, une poussette ou une balle rebondissante.
On constate que lorsque l’on met à disposition plusieurs exemplaires du même accessoire ludique, tels que des rubans de différentes couleurs ou des puzzles sur le thème de la savane, de la prairie et de la jungle, les jeunes enfants s’approprient chacun le leur, même si le jouet détient des caractéristiques un peu divergentes.
Les jeunes enfants jouent même parfois à s’imiter ou à se comparer. Mettre à disposition suffisamment de matériel similaire aide l’enfant autocentré à partager.
Le déploiement des jeux relationnels
Nous connaissons le rôle du jeu dans le développement de l’enfant. Il est constructif pour l’enfant qui n’arrive pas à jouer avec ses pairs, d’organiser de simples jeux relationnels. Il a ainsi l’occasion d’entretenir des relations saines et plaisantes avec ses pairs, autour d’un jeu commun.
Les jeux relationnels « à toi ; à moi » contribuent à une prise de conscience de l’altérité puis à une mise en scène des relations sociales. Par exemple, jouer à se faire rouler des voitures fait intégrer à l’enfant qu’en lançant sa voiture à son partenaire, celui-ci va la lui renvoyer, peut-être vite, peut-être doucement, peut-être en faisant des zigzags…, ce qui va lui apporter de l’amusement et un plaisir à jouer en relation avec un camarade.
Ces jeux relationnels doivent être initiés et régis par l’adulte, afin de simplifier les liens interpersonnels
Participer à des jeux relationnels aide l’enfant autocentré à développer des interactions ludiques avec ses pairs.
Utiliser le jeu comme un outil participant au développement de l’enfant
Voir la formation
Que pensez-vous de cet article ?
Laissez nous votre avis !