Quels sont la place et le rôle de l’adulte dans le jeu libre de l’enfant ?

Le jeu libre, également nommé jeu spontané, caractérise une notion de plus en plus reconnue dans le milieu de la petite enfance et un sujet animant de nombreuses réflexions professionnelles. Parler du jeu spontané est pour autant, un pléonasme puisque le jeu est libre, de par sa définition même.

Lorsque le jeu n’est pas libre, lorsqu’il est dirigé, il s’agit d’activités éducatives. Une des caractéristiques principales du jeu libre – ou jeu spontané – est l’émergence spontanée, à savoir les non-propositions de l’adulte.

On pourrait donc se demander si l’adulte a réellement un rôle à jouer ? Quelle place judicieuse et adaptée doit-il alors prendre pour accompagner le jeune enfant dans ce jeu libre ? Le jeu joue un rôle essentiel dans le développement de l’enfant. Qu’il soit libre ou dirigé, chez les jeunes enfants, le jeu est la plupart du temps accompagné. Dans cet article, nous allons voir les missions essentielles de l’adulte pour respecter le jeu libre du jeune enfant.

Jeu libre : trouver la juste distance de l’adulte

L’enjeu principal réside dans l’équilibre à trouver pour déterminer la juste distance : une distance qui laisserait l’initiative au jeune enfant d’inventer et de déployer son jeu mais une distance mesurée, qui maintiendrait une totale disponibilité de l’adulte selon les besoins ressentis et plus ou moins exprimés, par le jeune enfant.

Préparer un environnement ludique favorable

Pour que le jeu libre des jeunes enfants se déroule au mieux, l’adulte effectue des choix réfléchis et avisés quant au matériel, aux jouets et aux accessoires ludiques les plus adaptés :

• disposer, agencer, installer et mettre en scène le matériel, pour que les jeunes enfants ressentent l’envie d’y jouer en pleine autonomie.
• composer avec l’aménagement du mobilier et les contraintes architecturales de chaque structure ou chaque domicile d’assistante maternelle, pour que les jeunes enfants y évoluent avec plaisir et sérénité. 
• penser l’organisation du temps et surtout, laisser un temps suffisant aux jeunes enfants pour initier et s’impliquer dans leurs occupations ludiques spontanées.

Garantir une sécurité affective

De façon à ce que le jeu libre des jeunes enfants se déploie convenablement, l’adulte doit leur garantir une sécurité affective fondamentale, un lien d’attachement fiable et sécure, annexe mais complémentaire à celui établi naturellement avec les parents.

Une fois sereinement « attachés », les jeunes enfants se sentent ainsi, suffisamment portés, soutenus, étayés psychiquement pour se détacher et engager des occupations ludiques spontanées. 

Il s’agit de :

• transmettre aux jeunes enfants, une certaine confiance dans leurs conduites exploratoires. 
• reconnaître les initiatives engagées, de valoriser les actions entreprises, d’encourager les projets mis en place… 

De cette manière, l’adulte met en exergue l’ardeur que le jeune enfant déploie dans ses découvertes, exacerbe le plaisir qu’il en éprouve et l’incite donc implicitement, à réitérer son jeu libre.

• être disponible pour redonner un regain de confiance, de sécurité, d’attachement, lorsque le jeune enfant en exprime le besoin.

Par exemple, lorsqu’il a chuté et qu’il nécessite un câlin réconfortant ou lorsqu’il vient de se séparer de ses parents et qu’il nécessite de rester un moment, rassuré et enveloppé au creux des jambes de l’adulte. De cette manière, l’adulte accueille les fragilités du jeune enfant et lui redonne un ancrage psycho-affectif.

Bébés et jeunes enfants en garderont des traces mnésiques favorables pour leur confiance et leur estime d’eux-mêmes, actuelle et ultérieure.

Le jeu, outil de développement de l’enfant

Exploiter le jeu libre et le jeu dirigé en tant qu’outils favorisants le développement de l’enfant.

Voir la formation

Soutenir les élaborations cognitives

Afin de mettre en œuvre au mieux, le jeu libre des jeunes enfants, l’adulte doit soutenir ses élaborations cognitives.

Il s’agit de porter un regard valorisant, d’énoncer des paroles congratulâtes, d’adopter des expressions faciales approbatrices…, comme pour valider les découvertes et potentialiser ainsi les apprentissages.

Les professionnels de la petite enfance sont consolidateurs essentiels des apprentissages.

Il s’agit en effet, de mettre en évidence les liens de cause à effet opérés dans le jeu, d’inciter à complexifier le jeu ou à le simplifier, de soumettre des démonstrations au jeu, de suggérer en cas de problèmes, des pistes de solutionnement…

Ceci ne signifie pas que l’adulte s’immisce dans le jeu du jeune enfant et y intervient, en suggérant des propositions.

Ceci traduit l’importance que l’adulte suive l’enfant et le rejoigne dans son cheminement ludique. Il s’agit simplement de prendre en considération, de cautionner et de donner du sens aux explorations ludiques.

Manifester sa capacité à être présent et disponible

De manière à ce que le jeu libre des jeunes enfants s’élabore idéalement, l’adulte doit leur manifester sa capacité à être présent et disponible.

Les jeunes enfants perçoivent ainsi, l’importance de leurs jeux et comprennent les ressentis émotionnels qu’ils en éprouvent. Il s’agit de s’intéresser, de s’émouvoir, de s’enthousiasmer, de s’émerveiller… des jeux des jeunes enfants, avec eux et pour eux.

Anne Marie FONTAINE, psychologue et formatrice en petite enfance développe un concept très pertinent de l’Adulte-Phare, qui consiste à ce que les adultes de par leur positionnement, éclairent et sécurisent la zone où les jeunes enfants élaborent leur jeu.