Trouver des alternatives à la punition de l’enfant : pourquoi ? Comment ?
Pour commencer, précisons que, comme le Dr. Ginott disait : « Aucun parent ne se lève le matin en souhaitant rendre son enfant malheureux ». Certes, il arrive que nous soyons dépassés par nos enfants, mais je pense sincèrement que la connaissance d’outils adaptés au développement des enfants permet aux parents de réagir efficacement.
Commencez par prendre conscience de votre colère
Avant même de vous proposer des alternatives à la punition, il est important que vous preniez conscience de ce qui vous met en colère contre vos enfants, et surtout, de vos objectifs de vie auprès d’eux.
- Souhaitez-vous que vos enfants vous écoutent par peur ?
- Ou préférez-vous que vos enfants accèdent à l’autodiscipline et qu’ils comprennent réellement le pourquoi de l’interdit ?
J’en suis persuadée, chaque parent, et vous également, souhaite créer un lien de confiance avec son enfant.
Que faire lorsque vous êtes en colère ?
Prendre conscience de sa colère, c’est apprendre à la gérer.
Vous pouvez établir une liste de comportements de vos enfants qui vous mettent hors de vous. Plusieurs outils s’offriront alors à vous mais le plus efficace est de s’éloigner de son enfant, car de toutes les façons, vous n’agirez pas de la bonne façon dans ces moments-là.
Prévenez votre enfant que vous êtes trop en colère et que vous avez besoin d’aller vous calmer.
Une fois cette colère maîtrisée, vous pouvez maintenant vous occuper de votre enfant.
Rappelez-vous que si vous souhaitez que votre enfant contrôle sa colère, il va falloir que vous travailliez d’abord sur la vôtre. Le modèle est toujours plus important que les leçons de morale.
Les punitions
Différencier la personne de son comportement
Maintenant, parlons des punitions…
La punition condamne la personne, et non pas le comportement en lui-même.
En communication bienveillante, il est vraiment important de différencier le comportement de la personne.
Le docteur Ginott disait : « Ne pas confondre personne et comportement ».
Il est utile de le garder en tête, étant donné que l’enfant bénéficie d’un cerveau encore immature.
Comprendre les facteurs favorables au développement du cerveau de l’enfant
DécouvrirSon comportement n’est donc pas quelque chose d’ancré, il va grandir et évoluer. Ces comportements inadaptés ne le définissent pas. L’enfant apprend, et a besoin de vivre des expériences.
La punition consiste dans la plupart des cas à priver l’enfant de quelque chose, de sa liberté, d’un objet, d’une sortie.
Très souvent, elle n’est pas éducative, elle permet des « représailles » du parent, elle sanctionne. Encore une fois, l’adulte tombe dans la recherche de pouvoir.
Et la conséquence des punitions est sans surprise : elle engendre une perte de l’estime de soi.
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Mais alors si l’on ne punit pas, comment fait-on ?
Nous allons évoquer ici les conséquences éducatives :
Les conséquences éducatives sont toujours en lien avec le comportement, elles rendent l’enfant responsable de ses actes.
Et ceci n’est pas sans vous rappeler la pédagogie Montessori, où nous proposons des objets fragiles car ils permettent le contrôle de l’erreur à l’enfant. S’il fait tomber un verre, ce dernier casse, ce qui concrétise bien la conséquence éducative.
Une action engendre des conséquences et l’enfant va le comprendre petit à petit. Il va ainsi progressivement comprendre que ses actes ont des effets positifs ou négatifs.
Quelques exemples de « conséquences éducatives »
Pour vous aider à saisir ce qu’est une conséquence éducative, je vais vous donner des exemples.
- Une petite fille qui ne veut pas aller aux toilettes avant sa sortie
Il n’y a pas longtemps, j’ai rencontré cette situation : ma fille de 2 ans et demi ne veut pas aller aux toilettes avant de sortir au parc. Je lui propose d’y aller car si elle a une envie pressante pendant que nous sommes au parc, nous serons obligés de rentrer et nous ne ressortirons pas ensuite.
Elle refus d’aller aux toilettes avant la sortie. Puis, après 5 minutes au parc elle souhaite faire « pipi ». Je lui ai donc expliqué que nous allions rentrer à la maison comme prévu et que nous ne reviendrions pas.
Ceci représente bien une conséquence naturelle. La prochaine fois elle aura déjà vécu la situation, ce qui lui permettra de savoir qu’il faut aller aux toilettes avant de sortir.
- Bébé veut toucher le four chaud
Le four est légèrement chaud, bébé́ de 1 an veut le toucher, on lui indique que c’est le four et qu’il est chaud. Il touche, il vit la sensation de chaud, ceci représente aussi une conséquence naturelle.
- L’enfant qui écrit sur la table
L’enfant écrit sur la table, alors que nous lui avons indiqué que les dessins se font sur la feuille. On lui rappelle la règle et nous l’invitons à nettoyer.
Si cela se reproduit, nous pouvons retirer les crayons en disant que nous ne souhaitons pas abîmer la table et qu’on essaiera la prochaine fois.
Le retrait : expliquer la cause, le limiter dans le temps
Le retrait est efficace en adoptant bien sûr un comportement bienveillant, il ne faut pas ajouter de : « Bien fait, je te l’avais dit ». Il faut plutôt rester calme et expliquer. Par contre, veillez à ce que le retrait soit défini dans le temps, et n’oubliez pas d’expliquer la cause du retrait en précisant sa durée.
Ceci est applicable également dans le cas où les enfants joueraient avec un ballon dans la maison, on le retire en disant qu’on joue au ballon à l’extérieur.
Le retrait est très difficile pour le plus petit et il faut donc l’accompagner dans ses émotions, l’amour n’est pas une récompense comme le dit Isabelle Filliozat, l’amour c’est un carburant. N’hésitez pas à le prendre dans les bras ou juste à lui expliquer ses émotions en étant présente.
Pour un plus grand, entre 3 et 6 ans, vous pouvez aussi lui demander comment il pourrait réparer son erreur, ainsi il sera acteur. Dans un premier temps, n’hésitez pas à lui proposer plusieurs solutions, et ensuite il sera en mesure de trouver sa propre solution.
Parfois, il est juste nécessaire de rappeler la consigne, et aucune conséquence éducative n’est nécessaire pour que l’enfant assimile.
Attention au pouvoir des mots
Nous avons parlé des méfaits de la punition, et il est important aussi de savoir que des mots peuvent être blessants et humiliants pour l’enfant. Tout ceci marque nos enfants.
Des phrases anodines comme « tu es méchant », sont très dévalorisantes pour l’enfant, car elles visent sa personne et non son comportement.
L’enfant, en cours de construction, se construit l’image qu’il a de lui-même et c’est l’image que nous lui renvoyons qu’il intégrera.
Il est donc essentiel pour nous de savoir valoriser efficacement nos enfants.
Lorsque l’environnement est adapté, l’enfant est en mesure très rapidement de faire des choses de lui-même, ce qui fait naître en lui un vrai sentiment de compétence.
Savoir valoriser efficacement les enfants
Nous allons prendre appui sur les comportements adaptés de nos enfants plutôt que sur les comportements inadaptés.
Très souvent, nous nous épuisons à critiquer toute la journée nos enfants, alors que nous remarquons à peine les bons comportements.
Nous allons donc encourager les efforts de nos enfants en mettant des mots dessus, par exemple :
« J’ai pu lire mon livre dans le calme, merci pour ton silence. »
Concernant l’art de complimenter, et donc de valoriser nous avons tendance à dire que tout est magnifique lorsque ceci vient de nos enfants, mais pour être honnête, très souvent ce n’est pas sincère. Nous avons l’impression de valoriser nos enfants mais c’est une idée fausse.
A force de leur dire toujours ce genre de phrases, deux choses se produisent :
- C’est tellement magnifique que l’enfant n’a pas la possibilité de faire mieux ; cela ne l’amène pas vers la progression.
- Il devient dépendant de notre jugement, il fait les choses pour nous faire plaisir.
C’est pourquoi le compliment descriptif ou le questionnement sont meilleurs, ils n’émettent aucun jugement et permettent à l’enfant de faire des choses qui lui plaisent à lui et non à ses parents.
Exemple : Lors d’un dessin nous allons dire « Ah, tu as dessiné une maison rose et une voiture jaune » ou alors « tu trouves ça joli ? ».
Le compliment descriptif est facile à mettre en place, car il fait souvent appel soit à ce que nous voyons soit à ce que nous entendons.
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Cet article est écrit par Siana Viemont, Formatrice Petite Enfance et Assistante maternelle agréée, elle a acquis une forte connaissance du domaine de la petite enfance.
Siana anime différentes formations Montessori parmi lesquelles la formation Montessori 0 3 ans.
Passionnée, Siana prépare aussi les candidats au CAP AEPE, et à des formations IPERIA.
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