La diversification alimentaire du jeune enfant
« Il refuse les légumes », « Elle ne mange pas les morceaux », « Il est très compliqué à table », « Elle se nourrit uniquement de pain et de gâteaux. »
Voilà des phrases entendues fréquemment par quiconque travaille auprès de jeunes enfants et de leur famille ! Et si on pouvait agir dès le départ sur le rapport des enfants à l’alimentation ?
Étape importante dans le développement de l’enfant, la diversification alimentaire suscite de nombreuses questions. À juste titre, car s’il convient de s’adapter au rythme de la famille, de l’enfant, et qu’il n’y a pas une seule façon de faire, quelques notions sont importantes à connaître. En gardant ces repères en tête, on préserve l’enfant de problèmes de santé et de rapport à l’alimentation compliqué plus tard.
Bien commencer la diversification : les 10 règles principales
- Se fier à l’appétit de l’enfant et éviter de peser les quantités données.
- Seules les protéines doivent être quantifiées et apportées dans des quantités raisonnables.
- Ne pas saler ni sucrer les plats jusqu’à l’âge de 3 ans (attention aux yaourts sucrés et aromatisés)
- Si vous prenez des petits pots ou plats industriels pour enfant, privilégier les aliments « spéciaux » pour bébés, qui sont plus contrôlés en matière d’additifs et de conservateurs.
- Éviter les gâteaux, céréales, aliments transformés, même ceux pour bébé, le taux de sucre y est beaucoup trop important.
- Le lait de vache sous forme liquide ne doit pas être introduit avant l’âge de 1 an.
- Le lait maternel ou infantile reste l’aliment de base chez l’enfant jusqu’à l’âge de 1 an et les produits laitiers (fromage, yaourts…) ne remplacent pas les apports en fer, vitamines et acides gras qu’on y trouve.
- Dès l’introduction des purées, ajouter une cuillère à café d’huile végétale de qualité biologique par jour dans l’alimentation de l’enfant et 2 cuillères à café à partir de l’âge de 1 an.
- Ces aliments ayant un risque important pour la santé du jeune enfant, ne pas donner de miel avant l’âge de 1 an, pas d’œufs ou de viande/poisson crus avant l’âge de 3 ans (mousse au chocolat, mayonnaise…) , et pas de fromage au lait cru avant les 5 ans de l’enfant.
- Proscrire les écrans pendant les temps de repas.
Comment savoir si mon bébé est prêt pour la diversification ?
Sauf avis médical contraire, la diversification alimentaire doit être débutée entre les 4 mois et 6 mois de l’enfant. Avant, son système digestif n’est pas prêt, après il existe un risque de carences avec une alimentation exclusivement lactée.
Dans cette fenêtre, la diversification peut être démarrée n’importe quand. L’enfant montrera bien en prenant les premières cuillères s’il est prêt ou pas !
On recommande souvent une diversification dès les 4 mois, chez les enfants qui présentent un reflux important. Le passage à des aliments plus solides peut aider dans ces circonstances.
De même, il est préférable de faire goûter les aliments « allergènes » (gluten, poisson, l’amande, l’arachide) avant l’âge de 6 mois, principalement chez les enfants à risque de développer une allergie.
Dans quel ordre introduire les aliments ?
Si on s’en réfère aux recommandations nationales, il n’y a pas d’ordre.
À partir de 4 mois, tout les aliments ci-dessous peuvent être introduits. Il n’existe aucune période optimale pour introduire les différents aliments, et la tolérance digestive de chaque enfant est individuelle.
Classiquement, on commence par introduire les légumes. Le système digestif est encore en cours de maturation et les protéines ou les féculents plus complexes peuvent être durs à digérer.
Il vaut mieux privilégier les légumes faciles à digérer, en évitant ceux qui sont très riches en fibres, en amidon (patate douce…), ou la famille des choux.
Cependant, il est toujours possible de proposer ces catégories de légumes à l’enfant en toute petite quantité pour commencer et voir s’il ne présente pas de difficultés digestives (douleurs, coliques, constipation, diarrhées…).
Il est recommandé de donner les compotes et fruits dans un second temps afin de ne pas renforcer l’appétence naturelle de l’enfant pour les aliments sucrés.
Les pommes de terre, riz, pâtes, légumes secs…Et les protéines sont généralement introduites ensuite.
Les œufs durs bien cuits sont recommandés à partir de 6 mois (en commençant par ¼ d’œufs) même chez les enfants présentant un risque allergique.
Jusqu’à l’âge de 1 an, le lait maternel ou infantile doit rester prioritaire dans l’alimentation de l’enfant. On peut introduire le fromage, les yaourts dès l’âge de 4 mois en toute petite quantité, mais ils ne doivent pas remplacer les apports en lait maternel ou infantile.
Ne pas hésiter à varier au maximum les saveurs afin d’habituer l’enfant dès tout petit aux multiples possibilités gustatives qui existent aujourd’hui, vous accompagnerez ainsi le développement du goût de l’enfant.
Un tableau récapitulant les âges d’introduction est disponible sur le site de santé publique France « pas à pas, mon enfant mange comme un grand. »
Cette formation en ligne couvre l’alimentation, la préparation et la prise des repas.
DécouvrirÀ quel âge commencer les morceaux ?
L’enfant peut mâcher, même sans dents, à partir de 6 mois.
Il faut cependant veiller à la capacité de l’enfant à tenir assis et rester vigilant sur les aliments proposés pour éviter tout risque d’étouffement.
La pratique de la « DME », diversification menée par l’enfant, est courante depuis quelques années et permet aux parents d’avoir de nombreuses informations pour introduire les morceaux. Il n’est cependant pas de nécessaire d’investir dans le matériel onéreux associé à cette pratique pour introduire les morceaux dès le plus jeune âge.
Lorsque l’enfant commence par des purées lisses, il est préférable d’introduire des textures différentes avant l’âge de 10 mois. Les enfants qui restent sur des textures exclusivement lisses plus longtemps ont davantage de difficultés par la suite à accepter de nouveaux aliments, saveurs, textures.
Dès ses 8 mois, on peut lui proposer des textures mixées, ou des morceaux fondants comme des pâtes bien cuites.
Quelle quantité de purée pour un bébé de 4 mois ?
Quel que soit l’âge de l’enfant en début de diversification alimentaire, il faut commencer par de petites quantités en bout de cuillère ou au bout du doigt. On augmente les quantités jour après jour en fonction des réactions de l’enfant et de son appétit.
Il n’y pas de grammages recommandés pour les légumes et fruits, l’enfant sait généralement signifier s’il en eu assez, ou pas. Dans le cas contraire, cette situation peut être revue avec un professionnel de santé qualifié (Pédiatre, puéricultrice…) de manière individuelle.
Pour savoir si l’enfant mange suffisamment, il faut se fier à sa courbe de poids, son éveil, la qualité de son sommeil, l’état de sa peau et de sa santé en général.
Quand le bébé peut-il boire de l’eau ?
C’est possible dès l’introduction de nouveaux aliments. Cependant, les apports quotidiens de lait suffisent normalement à combler ses besoins en eau jusqu’à 6 mois. Ensuite, il est possible de lui proposer de l’eau au biberon, au verre, à la cuillère…
Cette pratique est particulièrement recommandée lorsque l’enfant a de la fièvre ou par temps de canicule.
Les céréales et farines infantiles sont-elles indispensables ?
Les céréales ajoutées au biberon ont peu d’intérêt nutritionnel, et sont à bannir si en plus elles sont sucrées ou aromatisées. Si l’enfant a faim la nuit, proposez-lui un peu de purée en complément du biberon. Il a faim le matin ? Proposez-lui du pain !
Elles sont cependant intéressantes chez les enfants qui mangent peu ou qui ont du mal à prendre du poids.
Prévention et gestion des troubles alimentaires de l’enfant
Voir la formationPour conclure
Il n’y a pas une seule façon de diversifier l’alimentation de l’enfant. Cela dépend du contexte familial, du choix des parents, des habitudes culturelles et des besoins de celui-ci. Ces pratiques varient beaucoup d’un continent à l’autre ! Cependant, les quelques règles citées en premier lieu ainsi que l’âge de début de diversification sont importantes pour garantir la bonne santé de l’enfant.
Les recommandations actualisées et détaillées sont sur le site de santé publique France, ainsi que sur le site à destination des parents : « Les 1000 premiers jours ».
Lire aussi : La néophobie alimentaire chez l’enfant.
Cet article a été écrit par Anne Simonneaux, référente santé des crèches partenaires d’AMA Campus (Nous proposons un accompagnement RSAI en crèche (Référent Santé et Accueil Inclusif).
Vous pouvez suivre Anne Simonneaux sur son compte Instagram _petitsam_ / Prévenir aujourd’hui pour être en bonne santé demain !🪴Micronutrition et Naturopathie👩🏻⚕️infirmière puéricultrice 👶référent santé en EAJE.
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