Comment gérer le doudou et la tétine à la crèche ?
Aujourd’hui, de nombreux enfants ont un doudou et/ou une tétine. Et ces deux petits objets, s’ils apportent énormément de réconfort à l’enfant, sont souvent source de questionnement pour les adultes, voir parfois de conflit.
Alors tout d’abord, qu’est-ce que ces objets apportent à l’enfant ?
Le doudou, aussi appelé « objet transitionnel » par D.W.Winnicott (pédiatre et psychanalyste britannique du XXe siècle), est le premier objet que l’enfant investi pour lui permettre de se réassurer en l’absence de la figure d’attachement principal, généralement sa mère.
La tétine répond au besoin de succion qu’éprouvent tous les enfants. Certains le ressentent plus fortement que d’autres, et la tétine répond à ce besoin.
Ces objets sont donc primordiaux pour les enfants.
Et les enfants qui n’en ont pas ?
Si tous les enfants éprouvent le besoin de réassurance et le besoin de succion, ils ne sont pas aussi marqués chez tous, et chacun ne l’exprime pas de la même manière. On peut voir des enfants pour qui le « doudou » est remplacé par une étiquette qu’ils caressent entre leurs doigts. D’autres vont tortiller leurs cheveux.
Pour ce qui est du besoin de succion, certains enfants vont sucer leur pouce ou d’autres doigts. Certains vont téter leur langue, cette dernière façon de faire n’étant pas forcément visible des adultes.
Comment les gérer à la crèche ?
Ces objets sont donc essentiels aux enfants qui en ont, et surtout essentiels au moment où l’enfant en ressent le besoin. Il doit y avoir accès à volonté, sans avoir à dépendre de l’adulte pour le trouver.
S’il doit être en accès libre, le doudou n’est pas toujours la réponse dont l’enfant a besoin : les paroles et l’accompagnement des professionnelles sont aussi une option que l’enfant doit pouvoir choisir.
Attention également à ne pas utiliser la tétine comme un « bouchon » pour arrêter les pleurs du bébés, c’est un objet de réconfort pour l’enfant, pas pour l’adulte !
Et puis, il y a forcément des moments où il faut laisser le doudou et/ou la tétine : pour les activités (manipuler des petites pièces avec un doudou dans les bras n’est pas chose aisée), pour manger ou pour parler avec les autres (garder la tétine en bouche pendant un échange verbal gène la compréhension, freine l’acquisition du langage et surtout peut entrainer des troubles de l’articulation.).
Donc doudous et tétines comme les enfants le veulent avec un accompagnement de l’adulte dans la gestion du recours à ces objets.
Par ailleurs, les enfants ont aussi tendance à laisser leur doudou et/ou tétine dès l’instant où ils n’en ont plus un besoin impérieux. Ainsi, doudou et tétines traînent un peu partout.
Comment faire faire donc pour que ces objets remplissent leur fonction, tout en préservant leur propreté et en assurant le fait que l’enfant les trouvent facilement ?
- La maison des doudous : souvent en tissu, il est essentiel que chaque enfant ait sa propre case. En identifiant la case grâce à une photo de l’enfant ou à un symbole correspondant à l’enfant, vous assurez la prophylaxie, en évitant les échanges de microbes. Quand vous trouvez le doudou traînant dans la salle de vie, vous le remettez dans sa case. Lorsque l’enfant le cherchera, vous lui indiquerez que vous l’avez mis dans la maison des doudous. Au fur et à mesure du temps, l’enfant prendra seul le réflexe d’aller voir dans la maison des doudous. De même, quand vous proposez à l’enfant de poser son doudou pour passer à table ou participer à une activité, incitez-le à le mettre lui-même dans sa case.
- Vous pouvez faire de même avec les tétines, soit dans la maison des doudous, soit dans une boîte à tétine, soit encore sur un accroche-tétine.
Lire aussi : Comprendre et gérer les cris de bébé en crèche
Que faire quand les adultes ne sont pas d’accord entre eux ?
L’essentiel est que les professionnels de la crèche procèdent tous de la même manière. (à noter lorsque l’on vient d’intégrer un nouveau poste dans une crèche). En effet, si les pratiques sont différentes, l’enfant ne trouvera pas de repères, et ne pourra pas devenir autonome dans la gestion de son doudou et/ou de sa tétine.
Les différents apparaissent parfois aussi entre l’équipe et les parents. Certains parents ne veulent pas que leur enfant ait de doudou et/ou de tétine, en général parce qu’ils ne souhaitent pas que leur enfant devienne dépendant à ces objets. Prenez le temps de leur expliquer que ces objets sont « passagers » et que leur présence dans la petite enfance pour un enfant qui en manifeste le besoin, permet à cet enfant de devenir plus rassuré face à l’absence de ses parents. Grâce à eux, il acquiert une plus grande confiance en lui.
Si les parents sont inquiets d’une éventuelle perte du doudou qui pourrait provoquer une « crise » chez l’enfant, conseillez-leur de doubler, voire tripler les exemplaires du doudou. Ils assureront ainsi leur tranquillité d’esprit et celle de l’enfant. Cela permettra aussi de faciliter le lavage du doudou, puisque l’enfant en aura toujours un à disposition quand le premier est au lavage. De plus, un enfant malade, qui a donc fortement besoin de son doudou, a beaucoup de mal à aller mieux sans ce dernier s’il a dû partir au lavage, car l’enfant malade a vomi dessus.
Un dernier point de tension entre adultes autour du doudou est justement la question du lavage : il est préférable que les parents prennent l’habitude de laver régulièrement le doudou, au rythme d’une fois par semaine. D’abord pour une question d’hygiène, le doudou ayant tendance à traîner partout et surtout par terre. Le doudou prendra alors régulièrement l’odeur de la lessive, et l’enfant intégrera cette odeur de propreté comme rassurante car faisant partie du doudou. En revanche, si le doudou n’est jamais lavé, l’enfant intégrera cette odeur si particulière de tissu mouillé, mâchouillé, manipulé avec des mains pas toujours propres comme l’odeur qui le réconforte. En cas de lavage tous les six mois, ou pire jamais, l’enfant sera perdu dans ses repères olfactifs le jour où le doudou verra enfin la machine à laver.
Les autrices sont Éducatrices de Jeunes Enfants.
Audrey Bouté est coordinatrice pédagogique. Kathleen Fauret est référente pédagogique.
Cet article est un travail à quatre mains, rédaction par Audrey, relecture et nouveaux apports de Kathleen.
Épanouissez-vous dans votre métier en continuant à apprendre sur ces sujets passionnants et variés !
Découvrir
Que pensez-vous de cet article ?
Laissez nous votre avis !