L’affordance dans la Petite Enfance
Avez-vous déjà observé un enfant qui grimpe sur la table, se met debout sur la chaise ou qui arpente le toboggan par la pente ? Ou qui perçoit l’utilisation classique d’un objet sans qu’on le lui ait expliqué ?
C’est ce que l’on appelle la théorie de l’affordance : les objets, par leur forme et leur solidité, appellent le corps de l’enfant à l’exploration.
Cette théorie a été développée par le psychologue écossais James J. Gibson dans les années 1970. Gibson a introduit le concept d’affordance pour décrire les possibilités d’action offertes par l’environnement aux individus.
La théorie de l’affordance dans le contexte de la petite enfance
Dans le contexte de la Petite Enfance, l’affordance couvre deux aspects :
Percevoir quelle est l’utilisation habituelle
Les enfants, même très jeunes, sont capables de percevoir les caractéristiques de leur environnement et de comprendre comment ils peuvent interagir avec lui. Ils peuvent comprendre comment s’utilise un objet même s’ils n’ont jamais été instruits à la faire.
Prenons quelques exemples :
- Une poignée de porte : sa forme et sa position suggèrent qu’elle peut être tournée ou tirée. Un enfant, en voyant une poignée, sera tenté de la saisir et de la tourner.
- Une balle : sa forme ronde et souple suggère qu’elle peut être lancée, roulée ou pressée. Un bébé ou un jeune enfant est instinctivement attiré par une balle et tentera probablement de la saisir et de jouer avec elle.
- Un escalier : il offre l’affordance de monter ou descendre. Même un tout-petit comprendra rapidement qu’il peut utiliser les escaliers pour se déplacer d’un niveau à un autre, même si la manière dont il les utilise (ramper, marcher avec assistance, etc.) dépendra de son stade de développement.
Explorer sans se limiter à l’utilisation « classique »
Les enfants explorent un objet sans se limiter à son utilisation « classique ».
Concrètement (et c’est un exemple parmi tant d’autres !) : là ou l’adulte voit une table pour poser des choses DESSUS un enfant verra une cabane ou une cachette DESSOUS, un module de motricité à escalader etc.
Contrairement à l’adulte, l’enfant n’a aucune notion « d’usage » conventionnel des objets. Chaque objet lui suggère son utilisation ou devrais-je dire SES utilisations multiples. L’enfant, guidé par ses pulsions et sa soif de découverte va exploiter l’objet de toutes les façons possibles, afin d’apprendre par observation, essai/erreur et imitation (de l’adulte) quelle est la façon d’utiliser l’objet en question dans la vie quotidienne.
La capacité à percevoir les affordances, essentielle au développement de l’enfant
Les enfants développent leur compréhension des affordances au fur et à mesure de leur développement cognitif et moteur. Ils apprennent à percevoir les possibilités d’action et à adapter leurs comportements en fonction de l’environnement qui les entoure. Cette capacité à percevoir et à utiliser les affordances est essentielle pour le développement de la motricité et de la cognition chez les enfants, mais aussi du raisonnement.
La théorie de l’affordance dans la petite enfance met en évidence l’importance de créer un environnement riche en expériences et en opportunités d’apprentissage pour les enfants. En fournissant aux enfants un environnement varié et stimulant, on leur permet d’explorer et d’apprendre en utilisant les affordances qui leur sont offertes, ce qui favorise leur développement global.
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Accompagner l’enfant dans son exploration
Soutenir l’affordance
- Accompagner l’affordance dans la petite enfance implique de créer un environnement et des interactions qui favorisent le développement des enfants en leur permettant de percevoir et d’utiliser les possibilités d’action offertes par leur environnement.
C’est aussi se poser la question « Que va faire l’enfant du matériel, et de l’aménagement mis en place ? », » Comment va t-il se l’approprier, comment va t-il l’explorer ? »
C’est à partir de ces questions que nous allons mettre en place un accompagnement et un environnement afin de soutenir le développement de l’enfant car nous lui offrons cette possibilité d’afforder !
- Laisser libre cours à l’affordance
L’affordance rime avec exploration et découverte. En grandissant, l’enfant évolue et se développe et ses capacités motrices aussi. Ainsi, il cherche sans cesse à comprendre où sont les limites de son corps dans ces interactions avec les objets qui l’entourent. Il fait des nouvelles expériences motrices et les intègre. C’est par l’essai que l’enfant découvre la cause à effet et son pouvoir d’agir sur les objets.
Voilà comment une boite en carton peut devenir une cabane, une cachette, une voiture ou …. Un chapeau !
Laisser libre cours à l’affordance stimule les sens, développe la motricité, stimule l’imagination et favorise l’estime et la confiance en soi.
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Tout en protégeant l’enfant
L’affordance rime aussi avec prise de risque et un potentiel danger. Les parents et pro petite enfance se questionnent sans arrêt sur le « comment » :
- Comment laisser l’enfant explorer librement, exercer pleinement ses capacités et développer son plein potentiel, tout en le protégeant des dangers de la vie quotidienne ?
- Comment affronter le regard de l’autrui ?
- Comment poser des limites et un cadre sécurisant ?
Autrement dit :
- Doit-on laisser l’enfant grimper sur la table ?
- Monter le toboggan à l’envers ?
- Lui dire « STOP » quand cela s’impose ?
C’est dans les réponses à ces questions que le rôle de l’adulte prend tout son sens !
Oui, il est tout à fait possible de permettre à l’enfant de répondre à son désir d’exploration et de le protéger de danger en même temps. Pour cela il suffit de repenser nos pratiques et de changer de regard sur la petite enfance.
Il est primordial de :
- Sécuriser l’espace afin de permettre la libre exploration sans danger
- Se rendre disponible – accompagner c’est « explorer à ses cotés »
- Se questionner sur ce que l’aménagement et les objets que l’on met en place vont apporter à l’enfant
- Lâcher prise et accepter les prises de risques mesurées
- Observer et explorer en même temps que l’enfant. Se mettre à sa hauteur pour regarder le monde à travers ces yeux d’enfant, afin de le comprendre.
Ce qui importe est notre comportement face à l’enfant ou notre capacité de gérer à la fois sa soif d’exploration et l’appel lancé par les objets à son corps, tout en le protégeant des accidents et du regard accusateur de notre entourage.
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DécouvrirCet article est écrit par Siana Viemont, Formatrice Petite Enfance et Assistante maternelle agréée, elle a acquis une forte connaissance du domaine de la petite enfance.
Siana anime différentes formations Montessori parmi lesquelles la formation Montessori 0 3 ans
Passionnée, Siana prépare aussi les candidats au CAP AEPE, et à des formations IPERIA.
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