
Assmat, comment préparer le départ à l’école maternelle d’un enfant ?
L’entrée à l’école maternelle marque une étape importante dans le parcours d’un enfant accueilli. Pour l’assistante maternelle, cette transition représente bien plus qu’un simple changement de planning : c’est une fin d’accueil à accompagner, une séparation à préparer, un lien à transformer. Cela ne s’improvise pas, cela se travaille.
Anticiper la séparation
Tout d’abord, il est essentiel d’anticiper. Un départ annoncé trop tardivement ou trop brièvement peut surprendre l’enfant et le dé-sécuriser. Il est recommandé d’évoquer la fin de l’accueil plusieurs semaines à l’avance, par petites touches.
Expliquer avec des mots simples que bientôt, l’enfant ne viendra plus chez l’assistante maternelle mais ira à l’école avec d’autres enfants, dans une autre structure. Cela permet à l’enfant d’intégrer l’idée progressivement, de poser des questions, et de commencer à imaginer ce qui l’attend.
Impliquer les parents
Cette préparation passe aussi par un échange avec les parents. Il peut être utile de leur rappeler que l’entrée à l’école ne doit pas être idéalisée ni présentée comme une “grande récompense”. C’est une étape normale, pas une fin en soi.
Encourager les familles à participer aux portes ouvertes, à faire quelques trajets ensemble devant l’école, à parler de la maîtresse ou de la classe avec des mots simples et rassurants permet de rendre l’école plus familière. Certains parents pensent bien faire en évitant le sujet ou en le “survendant” : les accompagner dans une communication sincère est une aide précieuse.
Encourager l’autonomie au quotidien
Durant cette période de transition, il est aussi pertinent de renforcer l’autonomie de l’enfant dans les gestes du quotidien : mettre et enlever ses chaussures, aller aux toilettes seul, ranger ses affaires, se laver les mains… Ces petits pas vers l’indépendance renforcent la confiance en soi et facilitent l’adaptation à l’école.
L’objectif n’est pas de le “préparer à l’école” dans un sens scolaire, mais de soutenir ses capacités pour qu’il se sente prêt à vivre ce changement.
Mettre en place des routines structurantes
Dans l’accueil au quotidien, la ritualisation devient un outil précieux. Des routines claires et stables, comme l’accrochage du manteau, une chanson de bonjour, un temps de regroupement ou de lecture, posent des repères structurants qui ressemblent beaucoup à ce que l’enfant retrouvera à l’école. Ces gestes familiers sont transférables et aident l’enfant à se sentir plus à l’aise dans un nouvel environnement.
Aider l’enfant à se projeter
Parler de l’école, oui, mais aussi la montrer. Les imagiers avec de vraies photos de maternelle sont de très bons supports pour visualiser ce nouveau lieu : les toilettes collectives, la salle de motricité, les tables de cantine… Plus les représentations sont concrètes, plus l’enfant peut s’y projeter. On peut également s’appuyer sur la littérature jeunesse, qui regorge d’albums bien pensés sur cette étape. Parmi les incontournables : Le loup qui rentrait à l’école, Le petit livre qui va à l’école, La couleur des émotions va à l’école, ou encore T’choupi à l’école. Ces histoires posent des mots, dédramatisent, et ouvrent à la discussion.
Mettre des mots sur ce qui va se passer
Mettre des mots sur ce qui va se passer est fondamental. Il ne s’agit pas d’insister lourdement, mais de laisser la porte ouverte aux échanges, de valider les émotions si elles apparaissent, et de rassurer. Il est normal qu’un enfant pose plusieurs fois les mêmes questions ou semble hésitant : répéter les réponses avec bienveillance est une forme de sécurité.
Inclure les autres enfants
La fin d’un accueil concerne aussi les autres enfants présents. Leur dire que l’un d’entre eux va partir, leur expliquer pourquoi, et les inclure dans un petit rituel d’au revoir permet de rendre cette séparation visible, compréhensible et moins brutale. Même les tout-petits ressentent les départs, parfois sans pouvoir les exprimer.
C’est aussi l’occasion d’aborder la notion du “chacun son tour”, du “quand on grandit on va à l’école”, et de rassurer sur la continuité de leur propre accueil.
Vivre la séparation en tant que professionnelle
Enfin, cette période est aussi un moment de transition pour la professionnelle. Il peut y avoir un attachement fort, des souvenirs communs, une vraie émotion à laisser partir un enfant qu’on a vu évoluer pendant plusieurs années. Prendre le temps de clôturer symboliquement cette relation, faire le point sur ce qui a été transmis, garder une trace (un dessin, une photo, un mot de la famille) peut aider à vivre cette étape avec justesse et douceur.
Accompagner un départ, ce n’est pas tourner une page sans la lire. C’est offrir à l’enfant, aux autres, et à soi-même, la possibilité de clôturer un lien en conscience, dans la confiance et la reconnaissance.

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Accès gratuitCet article est écrit par Siana Viemont, Formatrice Petite Enfance et Assistante maternelle agréée, elle a acquis une forte connaissance du domaine de la petite enfance.
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