
« Je ne veux pas aller à l’école ! » : que cache vraiment ce refus en maternelle ?
Tous les matins, c’est la même scène. Votre enfant traîne des pieds, répète «Je ne veux pas y aller », s’accroche à votre manteau ou fond en larmes au moment de la séparation. Pourtant, il n’est qu’en petite, moyenne ou grande section. Il a tout juste 3, 4 ou 5 ans. Et déjà, il rejette l’école ? Faut-il s’inquiéter ?
En maternelle, un monde encore très nouveau
À l’âge de l’école maternelle, l’enfant entre dans un univers bien différent de ce qu’il a connu jusque-là.
Pour beaucoup, c’est la première séparation prolongée quotidienne avec les parents. Il découvre un lieu collectif, des règles sociales implicites, un cadre plus strict qu’en crèche ou qu’à domicile, un rythme plus soutenu, une autre façon d’être en relation avec les adultes. C’est beaucoup.
Même s’il a été en crèche ou gardé par une assistante maternelle, le passage à l’école reste une étape sensible, car elle vient bouleverser les repères affectifs et l’organisation de ses journées.
Refuser d’y aller : ce n’est pas (forcément) l’école qu’il rejette
Un enfant de maternelle ne dit pas toujours ce qu’il pense. Il dit ce qu’il ressent. Quand il dit « je ne veux pas y aller », il peut vouloir dire :
- « Je ne me sens pas encore prêt aujourd’hui. »
- « J’ai besoin de toi, je ne veux pas te quitter. »
- « Je suis fatigué. »
- « Quelque chose m’angoisse là-bas mais je ne sais pas quoi. »
- « Hier, j’ai été en difficulté et je ne sais pas comment le dire. »
Il faut donc écouter les mots… mais surtout observer ce qui les accompagne : le ton, le regard, le comportement à la maison et après l’école.
Que vit un enfant de maternelle quand il refuse l’école ?
➤ L’angoisse de séparation
C’est l’une des raisons les plus fréquentes entre 3 et 5 ans. Même s’il a déjà été séparé auparavant, l’enfant peut vivre l’entrée ou le retour à l’école comme un abandon temporaire qu’il ne parvient pas encore à mettre en mots.
👉 Le lien d’attachement reste très fort à cet âge. Et certains enfants ont besoin de rituels, de sécurité affective, ou simplement… de temps.
➤ Un environnement sur-stimulant
Bruits, consignes, attentes implicites : la classe de maternelle est un environnement riche… parfois trop. Pour un enfant sensible, timide cela peut vite devenir épuisant, voire insécurisant.
➤ Des difficultés sociales ou un sentiment d’exclusion
À l’école, on commence à interagir dans un groupe, à se faire une place. Cela demande des compétences sociales naissantes. L’enfant peut refuser d’y aller s’il s’y sent mis à l’écart, s’il a peur d’un autre enfant, ou s’il n’a pas encore trouvé de figure d’attachement rassurante parmi les adultes.
➤ Un mal-être invisible à l’école
Il arrive que les difficultés ne soient pas repérées (ou pas transmises aux familles) : un enfant qui pleure en silence, qui reste seul dans la cour, qui ne comprend pas les consignes mais ne dit rien. D’où l’importance de dialoguer régulièrement avec l’enseignant.e ou l’ATSEM, même si tout semble bien se passer selon eux.
Qu’est ce que je peux faire quand mon enfant refuse d’aller à l’école ?
✅ Accueillir l’émotion, sans banaliser ni dramatiser
Réagir par un simple « Allez, ça va aller » peut être vécu comme une minimisation. Mais céder chaque matin n’est pas non plus aidant. L’enjeu est d’accueillir ce que l’enfant vit, de le reconnaître sans forcément le résoudre immédiatement.
« Tu ne veux pas y aller aujourd’hui, tu as l’air triste. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? »
✅ Créer des repères fixes et rassurants
Rituel du matin, objet de transition (un mouchoir imprégné de votre parfum, un dessin, une photo…), promesse de retrouvailles avec une activité précise : ces éléments aident à contenir l’angoisse et à structurer la journée.
✅ Observer ce qui se passe à la sortie
Un enfant qui pleure le matin mais retrouve le sourire à midi ou 16h vit probablement une séparation difficile, mais pas un mal-être général. En revanche, s’il reste morose, fatigué, agité ou fermé, cela peut indiquer une souffrance plus large.
✅ Parler avec l’école, sans attendre
Les professionnels de maternelle sont habitués à ces situations. N’hésitez pas à demander un rendez-vous, à poser des questions précises :
« Est-ce qu’il participe en classe ? »
« Avez-vous remarqué s’il joue avec les autres ? »
« Comment est-il pendant les temps calmes ou les transitions ? »
➤ N’oubliez pas :
L’enfant de maternelle n’a ni la maturité émotionnelle, ni le langage intérieur nécessaire pour toujours comprendre ce qu’il vit. Il exprime par son corps et par ses refus ce qu’il ne peut pas encore penser. Et c’est à l’adulte d’interpréter avec bienveillance.
Il ne s’agit pas de céder, mais de soutenir.
Refus d’aller à l’école, quand faut-il consulter ?
Voici quelques signes qui doivent alerter si le refus scolaire devient régulier ou s’aggrave :
- Maux de ventre ou vomissements fréquents le matin.
- Crises d’angoisse intenses.
- Perte de sommeil ou cauchemars récurrents.
- Repli, refus de parler de l’école.
- Troubles alimentaires ou de comportement associés.
Dans ce cas, un médecin ou un psychologue spécialisé en petite enfance pourra vous aider à comprendre ce qui se joue, et à rétablir un climat de sécurité.
Le refus d’aller à l’école en maternelle n’est pas un problème en soi. C’est un signal. Parfois banal, parfois plus profond, mais toujours digne d’attention.

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